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Vie locale

Jean-Baptiste BERNADOTTE : un Béarnais sur le trône de Suède

© Fredric Westin, domaine public

© Fredric Westin, domaine public

Courageux, généreux, doté d’un esprit vif et d’une belle prestance… autant de qualificatifs donnés au Palois Jean-Baptiste Bernadotte, dont le destin relève d’une aventure extraordinaire dans une période historique de grands bouleversements.

En naissant le 26 janvier 1763 dans la Maison Balagué* à Pau, rien ne prédestine le Béarnais à porter la couronne suédoise. Si sa mère est issue d’une lignée de petits propriétaires terriens, son père est fils d’artisan. Ainsi, le jeune Bernadotte, benjamin d’une fratrie de trois, connaît la simplicité d’un foyer entretenu par un père procureur au sénéchal. À 15 ans, il est mis au service de Maître Batsalle, son père rêve de lui en homme de loi. À sa mort en 1780, son fils embrasse la carrière militaire en intégrant le Régiment du Royal La Marine.

Une montée en grade au rythme de l’Histoire

De simple soldat sous l’Ancien Régime, il gravit les échelons : Sergent en 1785, Sergent-major en 1788 et Adjudant en 1790. La République permet alors à tous les citoyens d’accéder au grade d’officier. Les coups d’éclat de Bernadotte s’enchaînent, tous louent sa bravoure, son sens de la justice et son talent d’harangueur. Son ascension continue, il devient Général de division en 1794. Sous le Directoire, en 1797, le Béarnais part en Italie en renfort du Général Bonaparte. Les deux hommes au caractère différent garderont des relations oscillant entre estime et défiance. En 1798, Bernadotte est Ambassadeur à Vienne et acquiert de solides compétences diplomatiques. Cette même année, il rencontre sa femme, Désirée Clary. Ils auront un fils unique : Oscar. Leur union lie Bernadotte à la famille Bonaparte, la sœur de Désirée étant l’épouse du frère aîné de Napoléon. En 1799, le Béarnais, alors ministre de la Guerre, réorganise les armées et galvanise le moral des soldats en leur apportant de meilleures conditions de métier. Sous le Consulat, il se place dans l’opposition avant d’accepter l’ascension de Napoléon. Une fois l’Empire proclamé en 1804, Bernadotte devient Maréchal, Gouverneur d’Hanovre et Prince de Ponte Corvo en 1806. Alors que la guerre éclate avec la Prusse, un événement va changer sa destinée.

Un tournant décisif grâce à une noblesse de caractère

Lors de la prise de la ville de Lübeck par les Français, Bernadotte traite avec grands égards les troupes suédoises tombant entre ses mains. Leur commandant, le Colonel-comte Mörner, est impressionné par la générosité de celui qui l’héberge dans sa propre maison. À son retour en Suède, il vante la magnanimité du Béarnais, ceci aura une répercussion cruciale. Alors qu’il profite d’une vie à la campagne, le Baron Mörner (neveu du Colonel) frappe à sa porte en 1810. La Suède, monarchie constitutionnelle, cherche un successeur au Roi Charles XIII sans héritier. Se rappelant de ce Général français, proche de Napoléon, affable et reconnu pour ses qualités de Gouverneur, le Baron offre à Bernadotte la couronne de Suède. Ne rencontrant pas le veto de Napoléon, le Béarnais accepte d’être candidat au trône. À l’automne 1810, il est élu à l’unanimité par le parlement suédois et devient Prince héritier du Roi Charles XIII. À sa mort en 1818, le Béarnais est sacré Roi Charles XIV Jean de Suède et de Norvège.

Le souffle des Lumières sur le trône de Suède

Partisan de la paix, Bernadotte se détourne de Napoléon en s’engageant dans la coalition lui barrant la route. Souvent considéré comme acte de trahison, le Roi de Suède y voit son engagement auprès du peuple suédois l’ayant élu et dont il est responsable. Les Suédois apprécient ce Roi se souciant du bienêtre de tous et qui engage jusqu’à sa propre fortune pour stabiliser l’économie, assurer les dépenses nécessaires et aider les plus indigents. Une fois la situation financière du pays redressée, Bernadotte entreprend des transformations majeures et repense les institutions gouvernementales. Le système judiciaire est réformé, le secteur bancaire, la production industrielle et le commerce se développent rapidement. De nouvelles infrastructures et voies de transport sont construites (routes, canaux, ports), de même que des hôpitaux et écoles. Le secteur agricole modernisé connaît une forte productivité. Ainsi, lorsque ce Béarnais proférant des « Diu bibàn » s’éteint à l’âge de 81 ans dans sa chambre du Palais Royal de Stockholm le 8 mars 1844, la Suède prospère. Son héritage demeure : le Roi actuel de Suède, Charles XVI Gustave, est le septième héritier Bernadotte de la dynastie. 

*La Maison Balagué abrite le Musée Bernadotte qui retrace à travers des œuvres d’art, objets et mobilier d’époque, le destin de J-B. Bernadotte depuis son Béarn natal jusqu’à son règne sur le trône de Suède, ainsi que l’histoire de sa dynastie.