Dix ans de prêts solidaires
Johann Lannegrand a réalisé son rêve, fabriquer des ruches, en obtenant davantage que la somme sollicitée © Aspe solidaire
Lancée il y a un peu plus de 10 ans, l’association « Aspe Solidaire » prend une part active dans le développement économique de la vallée béarnaise.
La petite association a bien grandi. Cela fait maintenant plus de dix ans qu’est née « Aspe Solidaire ». Son objet consiste à alimenter une cagnotte à redistribuer sous forme de prêt sans intérêt à des porteurs de projet souhaitant créer, reprendre ou développer une activité économique dans les 13 communes de la vallée d’Aspe (ancien canton d’Accous). À l’origine de cette association, deux femmes : Elisabeth Médard, ancienne Présidente de la Communauté des Communes de la Vallée d’Aspe et Anne Berdoy sa troisième vice-présidente. On l’aura compris, l’idée était de favoriser la mise en application de projets apportant un plus sur le plan économique à ladite vallée. Souvent les idées sont là, les porteurs de projet également, mais la concrétisation est plus compliquée.
Actuel président de l’association, Franck Lahargue, distributeur de produits alimentaires locaux et espagnols auprès des professionnels, fut le deuxième projet aidé en 2012. Car si l’association a vu le jour en 2011, il faut un an pour constituer une réserve. « Chaque donateur verse un euro pour l’adhésion et 180 euros de dons en une ou plusieurs fois, explique le président actuel, et on décide de ne plus alimenter ces cagnottes lorsque nous avons suffisamment collecté de fonds, à savoir 20.000 euros environ ». Ensuite les projets déposés passent devant un « comité technique » qui les étudie. À la différence d’un organisme bancaire classique, ce comité va réunir, toujours en bénévolat, des professionnels de différents corps de métier concernés : « outre l’aspect financier, on va également regarder la technicité de l’offre de service en cours de création ».
24 projets aidés et une trentaine d’emplois
« Pas seulement, reprend Franck Lahargue, il y a aussi une dimension humaine qui est prise en compte. La vallée n’est pas énorme et beaucoup de gens se connaissent, on sait à qui on a affaire, une personne dont on connaît le sérieux, c’est toujours bien de lui donner un coup de pouce ». Car il s’agit vraiment d’un sacré coup de pouce. Même si les aides sont limitées par la Loi, elles ont souvent le mérite de débloquer des situations. « Ce fut mon cas, reprend-il, pour lancer mon activité il me fallait trouver 20.000 euros, personne ne voulait me prêter la somme, l’aide que j’ai obtenue après mon passage devant le comité technique a tout changé, la banque, rassurée par rapport aux professionnels figurant dans le comité en question, a complété ce qu’il me manquait ! ».
En dix ans, ce sont 250 épargnants qui ont aidé les porteurs de projet pour la Vallée. Certains ont même participé à toutes les campagnes. Une fois l’aide obtenue, l’entrepreneur rembourse sans intérêt. Une fois toutes les sommes remboursées, on redémarre une collecte. Depuis 2012, plus de vingt projets ont été validés. « Grâce à l’association, une trentaine d’emplois ont été créés ou confortés dans la vallée », ajoute Franck. Outre l’aide financière éventuelle, le comité technique est également là pour prodiguer des conseils aux porteurs de projet afin de les aider à le muscler. Il est même arrivé que le comité octroie plus que ce que le porteur a demandé. C’est, par exemple, ce qui est arrivé à Johann Lannegrand.
Quand le comité octroie plus que sollicité
Ce chargé de bureau d’études est arrivé avec sa famille de Toulouse en 2019 avec la volonté de changer totalement de vie. Passionné du bois et des abeilles, il envisage de créer une entreprise de fabrication de ruches. « J’ai entendu parler d’Aspe Solidaire et j’ai décidé d’en parler à Line Soulard, directrice de l’école de Bedous et présidente de l’association à l’époque. Elle a pris le temps de m’écouter et de m’intégrer dans le système ». Là, Johann rencontre le comité technique, qui évalue son dossier et le valide… tout en augmentant la somme souhaitée : « ils m’ont expliqué que par rapport aux frais que j’allais devoir avancer, ma trésorerie aurait besoin d’un coup de pouce supplémentaire et à ma grande surprise, ils ont accru l’enveloppe ! ».
Depuis, saisonnalité oblige, notre homme a diversifié son offre en fabriquant également des nichoirs à oiseaux : « toujours le plus possible avec du bois local », explique-t-il, reconnaissant par rapport à ses généreux prêteurs que ce que fait cette association est tout simplement remarquable.
Association Aspe Solidaire, Maison Despourrins, rue de Baix, 64490 ACCOUS. www.aspe-solidaire.org