CORSAIRES BASQUES : une histoire au fil de l’eau
Place du Maréchal Foch à Saint-Jean-de-Luz, ornant le dos de l’ancien office du tourisme, une plaque en demi-cercle attire le regard : « à nos corsaires, marins et pêcheurs basques ». Un hommage rendu à ces hommes qui se sont distingués sur les mers, à la fois en tant qu’audacieux pêcheurs et redoutables corsaires.
« Nid de vipères », voilà le nom donné par les Anglais au Golf de Gascogne avec ses ports bayonnais et luziens desquels partaient les expéditions corsaires, raconte le spécialiste Georges Pialloux. Si l’image familière du pirate nous vient à l’esprit, une distinction est à faire avec le corsaire. Celui-ci agit pour son roi ou son gouvernement. Il est lié par un contrat, la fameuse « lettre de course » ou « lettre de marque ». En effet, « à l’origine, le mot corsaire désigne le navire armé pour la guerre de course, activité légale », précise Georges Pialloux. Dans ces siècles marqués par les guerres incessantes entre les puissances européennes, quand la pêche n’est plus possible, la course s’impose !
Un peuple tourné vers la mer
Pour les anciens Basques, la mer était source de nourriture et de richesse grâce à la pêche à la morue ou la chasse à la baleine, celle-ci longeant nos côtes avant de migrer vers le Groenland et le Canada. Ils maniaient les harpons si fièrement qu’ils attiraient la convoitise des Anglais ou des Hollandais sillonnant les mêmes mers. Ils allaient jusqu’à empêcher les marins basques d’accoster pour préparer les cétacés. En 1635, l’ingénieux Luzien Sopite trouva une parade en inventant le premier bateau-usine pour fondre la graisse à bord. L’embarquement de canons et d’armes sur les bateaux se révélait une nécessité et dès « le Xème siècle, Saint-Jean-de-Luz et Bayonne montèrent de toutes pièces une flotte importante aux mains de quelques armateurs », relate Georges Pialloux. Ainsi, il fut tout naturel pour ces vaillants pêcheurs de se transformer en corsaires « aussi habiles à l’abordage des vaisseaux ennemis qu’à la chasse aux cétacés », conte-t-il. En effet, les corsaires étaient souvent des pêcheurs reconvertis qui, par nécessité ou par goût pour l’aventure, formaient les équipages. Durant les périodes de guerre, la pêche le long des côtes était impossible, les ports étant bloqués par la marine anglaise, et la chasse en haute mer vers Terre-Neuve encore moins envisageable. Pour éviter la disette, un seul choix demeurait : armer les bateaux en canons fournis par l’autorité régissante et partir en guerre de course avec son aval.
Les corsaires en course
La guerre de course est un acte encadré par les gouvernements qui y virent à la fois un moyen de pallier l’insuffisance de leur...
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