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Vie locale

CHIQUITO DE CAMBO, légende de la pelote basque

© Komcebo

Sur le Fronton de Cambo-les-Bains, on trouve à l'entrée le visage de Chiquito de Cambo, spectateur éternel de son propre héritage.© Komcebo

De ses débuts à Cambo-les-Bains jusqu’à sa consécration sur les frontons internationaux, la vie de Chiquito de Cambo prend les airs d’un récit captivant mêlant talent, bravoure et passion pour la pelote basque. Le légendaire pelotari a vécu par et pour son sport malgré les épreuves et les guerres, sans jamais douter de son talent et de son charisme.

Joseph avant la légende

Bernard-Joseph Apesteguy naquit à Cambo-les- Bains au sein d’une famille de quatorze enfants, le 20 mai 1881. Son père était facteur et sa mère ménagère. Afin de subvenir aux besoins des siens, il travailla pour un hôtel local dès l’adolescence, attendant les clients à la gare de Cambo pour ensuite les transporter dans une voiture à cheval. Parallèlement, le jeune Apesteguy se distingua très rapidement par son habileté dans la pelote, recevant le surnom de « Chiquito » malgré ses 1 m 95 et 90 kilos. On dit très tôt de lui qu’il était un condensé de souplesse, de force et de vélocité.

À la conquête d’un empire

Chiquito de Cambo entra dans la légende à seulement 17 ans, lorsqu’il décida d’affronter le champion du monde en titre, le Bidartar Arrué. La partie prit les allures d’une démonstration de force, d’une « véritable déculottée » diront même les journalistes locaux, Chiquito écrasant son adversaire 60 à 33. Cette même année 1899, il entreprit sa première tournée à l’étranger et parcourut l’Espagne, puis l’Amérique du Sud et plus particulièrement l’Argentine. Ce périple lui permit d’accroître sa notoriété tout autant que celle de son sport et de rencontrer les grands de ce monde tels Alphonse XIII, roi d’Espagne, et Edouard VII, roi d’Angleterre. Son triomphe fut absolu au début de l’été 1900, lorsqu’il conquit Paris avec son jeu spectaculaire et sa virtuosité, à l’occasion de l’inauguration du Fronton de Neuilly-sur-Seine. Quelques semaines plus tard, il participa avec son frère Pierre aux Jeux olympiques de Paris, alors au coeur de l’Exposition universelle. Bien qu’ils remportèrent seulement la médaille de bronze de l’épreuve de pelote, ils furent hautement récompensés par le public tant leur cote de popularité fut à son comble.

Une domination sans partage

Chiquito de Cambo s’affirma ensuite comme une figure incontournable de son sport, enchaînant les succès sur les frontons du Pays Basque et du monde entier. De 1901 à 1914, il régna sans partage, remportant le titre de champion du monde de chistera de manière ininterrompue. Son agent, nommé Jauretche, le propulsa sur le devant de la scène médiatique, où il fut régulièrement sollicité pour des parties prestigieuses devant les plus grandes célébrités du début du 20e siècle.

L’aparté de la Grande Guerre

La Première Guerre mondiale marqua une pause dans la carrière sportive de Chiquito, mais pas dans sa popularité. Engagé parmi les grenadiers, il fit preuve d’un courage exceptionnel, bravant les dangers des tranchées. La légende raconte même qu’il aurait utilisé sa chistera pour lancer des grenades plus loin que quiconque, témoignant ainsi de sa force et de son ingéniosité. Même si rien n’atteste ces faits, ils soulignent l’aura du pelotari. Blessé, il sera cité à plusieurs reprises et recevra la Croix de guerre avec étoile de bronze. Au sortir de la guerre, il joua quelques parties d’exhibitions devant les troupes américaines, renforçant une nouvelle fois sa notoriété à l’international.

Un retour triomphal

Après le conflit international, Chiquito de Cambo retrouva bien vite son titre de champion du monde à la chistera et le conserva jusqu’en 1923, démontrant ainsi sa suprématie sur les Frontons. À près de 40 ans, sa passion pour la pelote ne faiblit pas, bien au contraire. Il se plaignit d’ailleurs à plusieurs reprises de ne trouver aucun adversaire à sa mesure. Il joua sa 2 000e partie officielle au Stade Aguilera de Biarritz, en 1939, à presque 60 ans.

Le légendaire pelotari continua d’enflammer les foules avec son jeu spectaculaire jusqu’à son jubilé en 1946, qui eut lieu au Fronton de Paris, contre le jeune Jean Urruty, lui aussi future légende du sport basque.

Un héritage immortel

Chiquito de Cambo laissa une empreinte indélébile dans l’histoire de la pelote basque. Son nom reste encore aujourd’hui associé à la virtuosité, à la ténacité et au courage, incarnant l’esprit même du sport. Son influence perdure parmi les joueurs actuels, rappelant à tous les passionnés la grandeur de ce jeu ancestral.